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caelle
28 mars 2005

le scarabée méchant

respirer à fond, fermer les yeux, s'asseoir en tailleur, les doigts sur le clavier, Sinatra dans les baffles. Rien à faire, l'angoisse diffuse m'étreint et ne veut pas reculer, la sale bête. Pour rien, pour tout. Parce que ce soir est avant demain, et demain n'est pas bien parce qu'il faut y retourner, juste y retourner et y rester. Compter les heures jusqu'à temps qu'il soit enfin l'heure de partir. A la limite, j'y serais déjà, ça serait mieux car ça serait presque passé puisque ce serait déjà là. Le pire, c'est l'avant. Et l'avant, pour me le pourrir, je suis championne.

et si encore j'étais angoissée pour une bonne raison, un examen, un cent mètres dans une compèt', une représentation théâtrale, un discours à l'Onu, un truc où après, quand c'est fini, t'es fier de toi, t'as fait quelque chose mais non, même pas. Suis juste angoissée à l'idée d'aller devoir passer toute ma journée dans un burlingue, assise sur un fauteuil, répondre à un téléphone, retrouver des collègues, boire du café infect et attendre que la toquante soit positionnée de telle façon que je puisse dire sans éveiller le courroux de mes supérieurs que là, je me casse et qu'il faut m'oublier jusqu'au lendemain. arrrgh.

oui, je sais, je ne monte pas à l'échafaud, je vais juste au bureau.

Et là, y a Sammy Davis Jr. qui chante "a lot of livin' to do" et c'est beau, et ça donne envie de vivre, de battre la cadence, de sourire, de courir, d'attraper les étoiles mais demain, Sammy, je ne pourrai pas l'écouter, je serai enfermée. Au mieux, tout ce que je pourrai faire , c'est rentrer dans ma tête et l'écouter à l'intérieur de mon juke-box perso qui joue ce que je veux, quand je veux en attendant de l'écouter en vrai.

Et là, faudrait que je me couche si je ne veux pas avoir une tête de déterrée demain. Et je n'ai pas envie. Parce que si c'est pour me retourner dans tous les sens pour voir l'heure s'afficher en rouge sur le réveil et faire le décompte des minutes avant l'échéance, c'est encore plus fatigant que de ne pas dormir assez. Au moins, là, j'ai encore quelques heures à moi, vraiment à moi. Des heures où je ne fais pas semblant d'être l'employée de bureau modèle. D'ailleurs, j'y arrive très mal.

C'est très bizarre comme environnement, un bureau. Très malsain de faire se côtoyer dans une atmosphère de politesse de bon aloi des gens qui n'auraient sûrement pas passé cinq minutes ensemble s'ils avaient eu le choix. Les faire cohabiter heure après heure, jour après jour dans une prosmicuité des plus discutables parfois. Ces kyrielles de politesse, les "je vous prie d'agréer..." dans les courriers, les "je vous en prie gnagnagna" mielleux au téléphone, les "a voté" du collègue au courrier qui trouve très drôle de dire ça à chaque fois que tu lui déposes un courrier à expédier dans la bannette, la photocopieuse qui, quelque soit sa marque, prend un malin plaisir en transformer en éventails les documents originaux et dont la plus grande joie de sa vie de machine est de faire des bourrages papier. Elles doivent adorer que l'on farfouille dans leurs entrailles au risque de s'électrocuter les didis, qu'on tire sur la feuille pour l'extraire en manquant de la déchirer. Ca doit être un kif de photocopieuse qu'on lui soulève le clapet A puis le B pour appuyer sur le bitonio. Y a pas une marque, y a pas un modèle qui soit moins rétif que l'autre. Elles sont toutes odieuses. Et pourtant les machines, j'aime bien. Sauf les photocopieuses.

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