un périple tout en vaquant

Moi, je ne peux pas aller dans Paris sans flâner et marcher, ça serait ne pas faire honneur à sa beauté. Peux pas aller du point A au point B en ligne droite et vite. Peux pas faire un aller-retour chrono en main. Car pourquoi aller si c'est pour revenir tout de suite?
Mais bon c'est moi. Je ne dis pas qu'il faut faire comme moi. Je dis juste que si je n'alterne pas vitesse, efficacité et flânerie, rêverie, je dépéris.

Alors voilà hier, j'ai flâné et vaqué. J'ai regardé et j'ai vu ça:

Près de chez moi. Les arbres sont très beaux en cette saison. Les couleurs sont éclatantes. C'est un festival de nuances. Regardez autour de vous, y en partout. Suffit de ne pas regarder ses pieds. Et quand il fait encore frisquet, que le soleil joue à cache-cache avec les nuages, ça donne des cieux très contrastés. Et c'est magnifique. Et on peut tous les voir. Partout. Suffit d'ouvrir grand ses mirettes.


C'est mon exemple préféré d'immeuble qui n'a l'air d'être qu'une façade à Paris. Cet immeuble m'éclate depuis longtemps. Je le vois et je me marre toute seule. Il est à Raspail. Allez zou, faut que je me dépêche. Je suis venue là parce qu'on m'y attendait et je suis hypra en retard.

J'aime bien photographier les églises/cathédrales/monuments et les arbres, non pas parce que je suis une grenouille de bénitier ni une "tree hugger" (définition narquoise d'un activitiste écolo selon un soldat dans le métro new yorkais alors qu'il me demandait si je connaissais personnellement un type qui gueulait dans le wagon à cause de la présence desdits soldats - non, je ne connaissais pas le type mais la définition du soldat m'avait semblée si rigolote que je m'en suis souvenue) mais parce que tout est éphémère, les gens/les boutiques/les modes mais les arbres et les monuments/églises/cathédrales traversent les siècles et ainsi semblent de toute éternité. J'aime bien photographier les oppositions, le mobilier urbain et les bâtiments qui étaient là bien avant qu'on naisse et qui peut-être seront encore là bien longtemps après nous. C'est sur le boulevard du Montparnasse.

rue du Départ à droite du centre du commercial avec la gare dans le dos.


un 180° rue du Départ et la tour Montpar en contrejour. Moi, j'aime beaucoup cette tour. Je sais que beaucoup de gens trouvent qu'elle dénature Montpar. Je l'ai toujours connue. C'est p'têt pour ça que j'y suis attachée. Y a très longtemps, je suis partie vivre à l'étranger et avant de partir, j'ai photographié tout ce qui m'était familier à Paris et qui ne se trouvait pas forcément dans les bouquins, tout ce que je ne pouvais pas emporter. Alors je l'ai photographiée et j'ai gardé la photo au mur de ma chambre au loin là-bas tout le temps que j'y étais. Pour ne pas l'oublier. Pour l'emporter avec moi.


Y  pas plus éphémère qu'une façade de cinéma. Parce que les affiches changent toutes les semaines. Et c'est rigolo. Alors cycliquement je les photographie. Comme ça quand je les regarde plus tard, je peux voir ce qui a changé. Parce sinon j'oublierais. En plus, je sais qu'il y a des visiteurs (ils se reconnaîtront)  qui seront contents de voir les cinémas de Montparnasse ;)


Donc après le Gaumont, v'là le Miramar et le Bretagne ;)

et puis le terre-plein central maintenant que la voirie du boulevard a été modifiée. C'est très dangereux à traverser si l'on est distrait. C'est facile de se prendre un bus en pleine tronche. Et franchement un 62 à soufflets de plein fouet, je ne veux pas essayer, ça doit faire mal.
Les bus et les taxis circulent dans les deux sens au milieu et les voitures circulent dans chaque sens sur les côtés. Donc en gros pour un gosse qui apprendrait à traverser, faudrait qu'il apprenne à faire "gauche-avancer-droite-avancer-gauche-droite-avancer-ouf arrivé de l'autre côté-répit-se reposer". Un chouïa stressant, non?

Je suis archi pour le concept du café à emporter. Par contre,  je suis contre les cafés où c'est interdit de fumer car c'est une restriction des libertés. Pareil pour les avions, le concept un moment évoqué par Air France dans les 747 d'un fumoir avec puissants extracteurs d'air était une bonne idée et l'idée maintenant de nous proposer un patch nicotine est d'une mesquinerie absolue voire gravement condescendant. Je m'explique. Beaucoup de gens fument par nervosité, c'est un fait reconnu médicalement. On n'a jamais calmé quelqu'un en le privant de sa béquille psychologique. Au contraire, on ne fait qu'aggraver son anxiété.
Alors qu'en lui proposant une possibilité de le faire mais avec modération, on le calme et de lui-même, il se modère car il sait que s'il veut, il peut. Que ce n'est pas impossible.
En interdisant et en culpabilisant, on exacerbe l'envie et le besoin. Qui se transforme alors en déferlante. Et ça vaut pour beaucoup de choses: la nourriture, la clope, l'argent, l'amour, le sommeil, les biens de consommation, la reconnaissance. Du plus trivial au plus vital.

Si on préfère une société de gens anesthésiés sous camisole chimique ou morale, c'est sans moi. Parce que c'est complétement absurde, contre-productif et surtout archi dangereux. Car les excès mènent à la révolte. Y a toujours un effet boomerang. Toujours. Et si vous vous êtes pris un boomerang dans la figure de manière inattendue, vous savez que ça fait mal.
On peut se priver de tout dans la vie par volonté, par peur mais y a toujours un moment où ça pète et quand ça pète, c'est désastreux. Voir la fable du chêne et du roseau de Lafontaine. Et plein d'autres choses qui ne me viennent pas à l'esprit là à l'instant. Je sais, j'extrapole mais si vous aimez réfléchir, vous n'aurez qu'à trouver vos propres exemples et vous verrez que ce n'est pas aussi con que cela en a l'air.
Donc revenons à nos moutons: le café à emporter.
Dans mon univers à moi, y a deux modes:
le mode je suis au café, je m'installe, je bavarde, je me pose et je mets des plombes à boire mon café au grand dam de ceux qui ont la gentillesse de me côtoyer et qui ne comprennent pas que je ne puisse pas me jeter un p'tit noir rapidos au comptoir. Moi je veux ou savourer ou ne pas faire du tout.

Et le mode je veux boire du café car j'ai besoin de boire un truc chaud mais je dois vaquer et donc me déplacer vite...
Par conséquent, le café à emporter avec couvercle pour le boire sans s'en mettre partout est parfait pour moi. Parce que je peux ainsi marcher (et arriver presque à l'heure à destination) tout en buvant un truc chaud. C'est pratique. En tout cas, moi, ça me réjouit et ça me facilite la vie. Mais c'est moi. Je ne vous encourage pas du tout à m'imiter. Mais comme vous venez me lire et qu'apparemment, ça en fait marrer certains, je vous explique ;)

Je pourrais développer de la même manière sur les abricots/les pommes qui sont des fruits très pratiques à manger dehors car ils ne salissent pas trop les doigts et ne s'écrabouillent pas dans le sac contrairement à la pêche/brugnon ou le kiwi. Je pourrais m'appesantir sur la banane qui, au demeurant, est archi-pratique pour cet usage mais qui ne peut pas être mangée dans une rue par une fille de plus de dix ans sans lui attirer des remarques ou des regards graveleux. Je pourrais m'étaler sur la difficulté de manger un pain au chocolat dans la rue sans se mettre des miettes partout sur soi (par définition, la pâte feuilletée s'émiette) alors que c'est une des meilleures viennoiseries à déguster. Je ne vous parlerais pas de la difficulté de manger une pâtisserie au miel tunisienne avec une amande sur le dessus sans une petite cuillère et sans s'asseoir. Et de la difficulté à trouver du riz à emporter pour le manger dans la rue en marchant. C'est un problème sans fin et je suis en retard. Faut que je vaque! A la prochaine.

Comments

[lewis_carroll]

Ce texte appelle plusieurs commentaires :

a) faut être gonflée pour prendre des photos alors qu'on est déjà en retard à un rendez-vous qu'on a soi-même fixé ! Mais bon, si les photos sont jolies, on peut pardonner.

b) faudrait voir à ne pas me piquer mes zidées, car le papier sur l'interdiction de fumer dans les transports en commun (je ne parle pas de votre métro ou de vos bus, où on peut quand même admettre que fumer aux heures de pointe serait un chouia dangereux. Tiens, voilà encore une bonne idée : des heures fumeur dans le métro parisien. Pourquoi pas ? Et des heures sans filles, comme ça elles seraient pas emmerdées par des gamins désoeuvrés).

c) on ne dit pas "pain au chocolat" mais CHOCOLATINE.

d) photographier les anachronismes, c'est un peu comme croiser la vie de gens qui sont à des miles et des miles de votre vie, qui sans le net seraient restés des étoiles lointaines, indétectables à l'oeil humain. Voilà : Internet, c'est le télescope Hubble de nos vies (images en fausses couleurs en prime).

e) otage : ça me fait penser que j'ai pleuré l'autre jour en écoutant sur France Culture l'émission qui parlait de Hussein Anoun et de Florence Aubenas.