danse de la joie autour du totem
Tu veux te donner des sueurs froides en regardant une jauge bleue se remplir de la gauche vers la droite?
Tu veux te demander si tu as pris la bonne décision?
Tu veux passer de longues secondes, très longues secondes, immobile sur ton fauteuil?
Tu veux savoir quand tu commences mais pas quand tu finis?
Tu veux te demander si les données contenues dans ton ordinateur te sont vraiment indispensables?
Alors
tu commences par planter ton ordinateur, pas le petit
plantage gentil qui se résoud tout seul, non le méga, celui où c'est à
peine s'il se souvient qu'il est un ordinateur mais qu'hélas il n'est
pas non plus devenu une cafetière (c'est dommage parce qu'à cet
instant, t'aurais vraiment besoin de café bien fort). Réflexion faite,
t'as pas besoin de le planter, il s'en charge tout seul.
T'essaies
de le ressusciter de toutes les manières qui te viennent à l'esprit. De
frustration et le temps passant, t'en viens à envisager le massage
cardiaque ou le vol plané par la fenêtre (pour l'ordi, pas pour toi,
faut quand même pas exagérer). Tu te maîtrises. Tu mobilises
tes facultés mentales. Tu te dis que la machine doit obéir à l'homme
(et même à la femme) et tu continues d'y croire. Tu ne lâcheras pas le
morceau. Non mais. Le ton monte entre l'ordi et toi. Les regards
deviennent furibards. Ton affection (oui, affection, j'ai bien dit
affection, nous avions des rapports très tendres, l'ordi et moi) s'émousse.
Tes tentatives échouant les unes après les autres (on appelle
ça le suspense, au cinéma, c'est rythmé, ça peut même faire plaisir aux
spectateurs, dans la vie, c'est moins plaisant), tu n'en vois plus
qu'une à tenter... L'écrasement de ton disque dur (attention, amis
membres du BTP, cette opération ne se fait pas avec une grue et une
boule ou une pierre, cette opération néanmoins aussi définitive que
celle précédemment expliquée s'effectue en cliquant: l'informaticien
est un être délicat, il clique mais le résultat est le même, c'est
aplati comme une crêpe).
Heureusement, au préalable, tu as pu récupérer tes données et les mettre ailleurs en sécurité (tout ne peut pas être noir!!!)
Et
là, tu te résouds à commettre l'irréparable: tu reformattes (un t? deux
t? qu'importe, c'est du sérieux) le disque dur et tu réinstalles le
système.
Tu attends, inquiet. Tu sais que tu n'avais pas le choix mais tu n'es pas très fier, ni très sûr de toi.
Et puis il redémarre. Il est comme neuf. Il te demande comment tu t'appelles. Vous faites les présentations. Vous vous reniflez.
Timidement, t'essaies de rapatrier tes données et, miracle, ça semble marcher.
T'es pas sûr qu'elles soient toutes là (elles sont nombreuses, les petites chéries) mais déjà, tu te sens mieux.
Et ça, c'est déjà un grand progrès.