Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
caelle
13 février 2006

survival of the fittest... (épisode 1)

Pourquoi ce titre?
Parce que les grandes métropoles sont des machines à broyer les individus et les faire attaquer/narguer/toiser/ignorer autrui en premier de peur de se faire piétiner. C'est la différence entre les gens de grandes villes et ceux des petites et moyennes villes. Les premiers sont tellement armés qu'ils dégainent les premiers, quitte à envoyer valdinguer les faibles qui se trouvent sur leur passage - le côté "pousse-toi d'là que je m'y mette" qui est si fatigant au quotidien (tous ceux qui ne sont pas assez corsetés/claquemurés/cadenassés/équipés pour résister aux attitudes hostiles permanentes qu'adoptent les être vivants des grandes villes  et qui sont tellement enracinées que ceux qui les ont jureront leurs grands dieux, que "pas du tout, ce n'est pas vrai, tu vois bien que tu cherches la petite bête partout" quand on leur dit que c'est désagréable.

Le plus triste, c'est qu'ils seront sûrs qu'ils n'auront rien fait de mal et vous en voudront de leur avoir donné à voir deux secondes que ça pourrait être autrement - en gros, l'effet boomerang puissance 10, tu fais un geste amical, tu veux communiquer, faire ami-ami et en retour, tu te prends une beigne. Total: eh ben, la prochaine fois, tu es cynique, détaché, bougon, narquois, indifférent, tes écouteurs vissés sur tes oreilles, tu te rends sourd aux autres... et ça, c'est odieux.

Je suis persuadée qu'un habitant d'une grande ville peut tout à fait s'adapter à la vie dans n'importe quelle grande ville dans le monde. Il lui suffit d'apprendre les codes locaux et il s'adaptera. C'est un caméléon.
Le caméléon ne change de couleur que pour se fondre dans son environnment et ainsi court-circuiter sa peur. Si vous voulez tuer un caméléon en quelques minutes, vous lui mettez des choses de couleur rouge, verte, noire, jaune et ainsi de suite autour de lui sans lui laisser le temps de s'adapter. Au final, il s'épuise tellement et a tellement peur qu'il en meurt. Inquiétant, non?

Et Paris n'échappe pas à la règle, tant s'en faut, sous des dehors de bonhommie et de coolitude bon-vivante soigneusement étudiée. Paris et sa région a ses codes, ses territoires, ses tribus... Sauf que, contrairement aux US, où tu sais que, de l'autre côté, de la rue, c'est dangereux et ça se voit dans le regard des gens que tu as "crossed the line", à Paris, tout le monde aime soi-disant tout le monde, se croise sans se voir, et chacun reste chez soi derrière ses volets fermés. Et ceux qui y arrivent sont des habitants des grandes cités nés par erreur dans une petite ville et s'enracinent, soit pas faits pour cette vie-là et attendent la retraite comme la délivrance pour retourner dans leur "pays"... Ce qui explique l'exode massif sur les routes et les embouteillages monstres aux sorties de Paris dès le premier weekend un peu long.

Le vrai parisien depuis plusieurs générations n'a nulle part où aller et reste, même au mois d'août. A moins que des envies subites de mer, d'herbe ou de montagne le prennent aux tripes et qu'il trouve un moyen de partir loin de la ville où il étouffe mais qui lui manque dès qu'il n'y est plus. Le vrai parisien pur et dur peut faire dix heures, vingt heures d'avion pour voir le soleil se coucher sur l'horizon aux antipodes alors que jamais il ne prendra la peine de s'arrêter pour le faire à Paris. Et pourtant, même ici, le soleil se lève et se couche deux fois par jour comme ailleurs et c'est beau.
le vrai parisien est accro à sa ville et ne peut rester dans l'herbe que deux-trois jours. Après, l'asphalte qui l'étouffe lui manque trop et il revient.
Les gens des grandes villes internationales peuvent s'adapter dans n'importe quelle capitale et se débrouiller sans parler la langue du pays et sans jamais rencontrer un autochtone.
Pathétique, n'est-ce pas? et hélas, vrai.
Mais Paris, c'est tout et son contraire, le beau et le laid... je vous laisse faire la liste, votre liste tout seuls... si vous savez ce dont je parle, vous trouverez les mots manquants.

Ces photos ont toutes été prises ce dimanche après-midi entre le 12ème et le 14ème arrondissement en moins de deux heures.
J'aimerais que les parisiens se souviennent que l'aventure est au coin de la rue et qu'il peut y avoir de belles histoires ici aussi. Le Parisien se plaint d'être isolé mais fait en sorte que toutes les rencontres tournent court, quitte à saborder tout ce qui pourrait être bien.
Le Parisien préfère voir les films qui se terminent mal que ceux qui se terminent bien quand ils se passent à Paris. Le Parisien devrait voir sa ville avec les yeux du touriste de passage ou de l'enfant qu'on emmène au manège pour la première fois. Le Parisien craint plus le ridicule que de passer sous un bus. Ce qui est vraiment paradoxal et carrément dangereux.
Car, toute personne ayant encore deux grammes de bon sens sait bien que le ridicule ne tue pas mais les bus à pleine vitesse, si.
Paris et sa région est trop belle pour y habiter sans la regarder. Les gens y sont parfois extraordinaires sauf qu'ils ont peur du regard/jugement d'autrui qu'ils imaginent négatif d'avance qu'ils renoncent à tout et même à leurs rêves. Ils préfèrent railler plutôt que rencontrer l'autre. Et quand ceux-ci ne veulent pas renoncer à leurs envies, ils préfèrent rompre le contact, quitte à le reprendre plus tard. Souvent trop tard.
Le Parisien fuit mais quand le point de rupture, le pépin devient trop énorme et qu'il est dos au mur, il fait volte-face et fait ce qu'il aurait dû faire depuis le début. T'en viens presque à souhaiter des grèves massives  du métro pour que les gens se serrent les coudes et communiquent... enfin!

Le Parisien a un coeur gros comme ça mais parfois il a du mal à s'en souvenir. Il s'en veut de faire ce qu'il appelle du "sentimentalisme". Alors qu'au fond, il ne demande que ça.

Je sais de quoi je parle puisque je suis la première à faire la même chose. Sauf que je trouve dommage de se gâcher le quotidien et de ne pas profiter des petits riens alors qu'il peut y avoir bien plus grave. Les emmerdes n'arrivent pas qu'aux autres. Et là, on change son comportement de fond en comble. Et ceux qui, pour une raison x ou y, se retrouvent dans cet état d'esprit comprendront ce dont je parle. C'est dommage de louper les belles personnes. On en rencontre tous et plus souvent qu'on ne croit sauf qu'à force de zapper, de faire comme si, eh ben, on se gâche tous la vie chacun dans notre coin. Alors que c'est possible...

Démonstration en quelques photos... :)

dsc03396
moineau à la terrasse du Starbucks de cour Saint-Emilion se demandant si c'est du lard ou du cochon une humaine lui tendant de la croute de cheesecake...

dsc03398
même moineau s'étant rapproché et se demandant si y a un piège
dsc03399
celui-là hésite,voudrait bien mais n'ose pas
dsc03401
Ca vaut vraiment le coup, elle se lance (c'est une elle, le mâle n'en revient pas de son audace)
dsc03404
entre la précédente photo et celle-ci, il s'est écoulé une minute et c'est le même oiseau qui reprend le risque de faire confiance, la faim dépassant la peur

dsc03405
celui-là "boule" mais s'est rapproché. C'est-à-dire qu'il se fait plus ramassé qu'il ne l'est en réalité. Soit parce qu'il a peur, soit parce qu'il a faim, soit parce qu'il a froid soit les trois à la fois mais il aurait fini par oser peut-être.
Sauf qu'un humain avec un chien est venu. Et les moineaux ont dû battre en retraite. Les pauvres...

Paris, la ville où il est plus facile de faire s'approcher de soi un moineau que de voir ses amis...

alors que, pour un moineau, un humain, eh ben c'est terrifiant. C'est un peu comme Gulliver (enfin, vous me comprenez... j'espère que oui)

prochain épisode: le périph' une heure après... le même jour, hier quoi.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
caelle
caelle
Derniers commentaires
Archives
Pages
Publicité