citation du jour ou de la nuit et anecdote
Si on m'avait dit un jour que je recopierais des citations de Shakespeare, j'aurai dit "pfff" (oui, Lewis, y a pas que toi qui dis pfff...! ;)) car franchement, on a tout fait pour que je déteste ses pièces et que je m'en détourne. Je m'explique.
On m'a montré les trucs plus guindés et les plus ennuyeux, on m'a forcée à l'étudier/le décortiquer pour un concours pour devenir prof d'anglais et on m'a fait lire une page entière du marchand de Venise (ou plutôt de "the merchant of Venice") comme audition au cours de théâtre de mon école aux Etats-Unis. (la troisième proposition était de loin la plus marrante des trois et finalement la moins vexante/barbante).
En bref, on a tout fait pour m'en dégoûter. On m'a dit qu'il fallait aimer parce que c'était comme ça et que ne pas aimer/apprécier Shakespeare, c'était être ignare.
Le prof de théâtre n'en revenait pas qu'une lycéenne étrangère, arrivée depuis moins de deux semaines, veuille tellement faire partie du club de théâtre de l'école au point d'oser se ramener aux auditions, monter sur scène et lire (massacrer) une page entière de la pièce sans en comprendre un mot. Je comprenais que dalle de chez que dalle (et je ne minimise même pas. Depuis, j'ai relu la page et maintenant, eh ben, je comprends mieux. C'est agréable).
Et même à l'école normale (le lycée lambda), l'audition, c'est pareil que dans les films où ils montrent des auditions à Broadway.
Pour faire les choses dans les règles et limite grandeur nature, sont très forts. D'abord y avait un vrai théâtre avec des fauteuils (okay, façon strapontins mais c'est mieux que les chaises) dans l'école (en tout cas, pas un gymnase transformé en salle de théâtre), un rideau, une scène et le prof "metteur en scène" se mettait loin et vous répondait dans un micro. On montait un à un passer notre scène et il suivait la liste de ceux qui s'étaient inscrits. Le truc vraiment flippant.
Et en plus, j'étais miro donc je voyais à moitié mon texte et encore moins le metteur en scène.
Ca a dû lui en boucher un coin que j'y sois allée au flan et que je ne me dégonfle pas. il m'a même refilé un rôle où j'avais une phrase à dire après dans la pièce (je crois pour saluer l'effort et l'inconscience d'avoir dit toute la page à voix haute en ne m'arrêtant qu'à la fin... un vrai massacre...).
Après, j'ai pas pu continuer car on ne faisait que préparer cette pièce-là et passer des après-midi entiers assise dans un coin pour une phrase tout en me faisant mal voir par ma famille d'accueil qui voulait que je rentre assez tôt pour nourrir leurs deux chiens à leur place, c'était un peu démotivant. Et puis, comme j'ai fini par changer et d'école et de famille d'accueil (y a pas que des gens sympas dans ceux qui vous reçoivent où que ce soit), je n'y ai pas perdu au change. Mais c'est une autre histoire.
Donc Shakespeare hormis quelques phrases célèbres j'ai du mal à m'y intéresser. Parce que c'est quand même vachement, vachement un trip dans lequel faut rentrer. C'est un truc de gens fous de théâtre et moi, c'est plus le cinoche...
sauf qu'il y a Al Pacino et son génial "looking for Richard"...
et là, ça fait vaciller des trucs... beaucoup de trucs, car son documentaire m'accroche à chaque fois que je le vois et je ne peux pas m'empêcher de le regarder jusqu'à la fin.
et puis y a toutes ces phrases, ces répliques reprises ailleurs et qui sonnent tellement justes que je finis par me dire qu'un jour je lirai p'têt une de ses pièces en entier (et pas parce qu'on m'aura forcée à le faire).
Je suis d'ailleurs tombée tout à l'heure sur cette traduction d'une réplique de "King Lear" qui dit (et que je trouve tellement juste) et surtout parfaitement adaptée à la Saint Valentin qui est (un) une fête commerciale, (deux) sûrement le jour idéal pour se faire sentir nuls et non avenus tous ceux qui n'ont pas la chance d'être dans une relation sentimentale saine, agréable et équilibrée. Eh bien, en dépit de cette constation, j'ai passé une excellente soirée à rigoler comme des baleines (et à parler beaucoup trop pour ma part et je m'en excuse auprès d'eux) avec deux lecteurs de mon "cayait": une nouvelle connaissance et une amitié de la vraie vie... comme quoi :
"L'esprit oublie toutes les souffrances, quand le chagrin a des compagnons et que l'amitié le console."
Je n'ai pas trouvé (sur internet en cherchant vite toutefois) la réplique exacte en anglais. C'est p'têt l'occase ou jamais de lire "King Lear" en entier pour le plaisir de la localiser :)
----> pourvu que ce soit vraiment dans "King Lear" et que cela ne me refasse pas le coup de la fausse citation de Camus (dont on ne sait toujours pas l'origine...!)... Je ne peux pas me lancer dans la lecture de tout Shakespeare pour trouver un seul passage...!
Y a des pros de Shakespeare qui traînent par ici? Si oui, aidez-moi please :)