contes
Hier, on est allés dans un de mes lieux de perdition favoris où on trouve tout plein de tentations - des livres, des films, des appareils, de la musique - un lieu terrible. Mais là, c'était la fête car des collègues (totalement désemparés par mon départ provoqué par la fin de mon contrat) avaient jugé bon de m'offrir un cadeau sous forme d'une carte à dépenser dans ce haut lieu de luxure. Le kif total, quoi.
D'autant que c'est rare que les gens jugent bon de se cotiser quand vous quittez une place où vous n'avez fait qu'un remplacement. Donc bon point. (un jour, je ferai une grille de mes employeurs successifs avec des notes - faut bien qu'excel serve à quelque chose).
Bref, je pouvais m'acheter des bouquins (puisque j'avais décidé d'acheter des bouquins) sans me dire que c'était extravagant de le faire. Fallait juste faire coïncider le prix additionné des livres avec la somme totale dont je disposais et j'adore faire ça.
Résultat des courses: 8 bouquins et un reliquat d'un euro trente sur la carte. Un bouquin est passé à moins cher en caisse sinon ça aurait dû être soixante-dix centimes (note to self: faire un jour une note sur le scandale des différences de prix entre ce qui est indiqué sur l'étiquette avec le code-barres et ce qui est scanné en caisse).
Donc, j'ai de la lecture pour un bon bout de temps.
Avec en prime deux bouquins bonus offerts par un copain très très en retard sur mon anniv' (enfin suffisamment tôt pour que je n'ai pas eu le temps d'en avoir un autre). Donc youpihou: 10 livres, yes, yes, yes gratos.
il m'a offert un bouquin de contes sur les chats (apparemment, j'aimerais les chats, je ne sais pas où il a été chercher ça) et un autre qui s'appelle "contes des sages du ghetto" parce qu'il s'est dit que ça me plairait et il ne s'est pas gouré. Faut dire que je parle souvent des livres de contes d'Isaac Bashevis Singer et d'un autre recueil qui s'appelle "la princesse perdue" que j'ai lus déjà grande et que j'ai adorés. Si un jour, dans longtemps, j'ai des enfants ou qu'on m'en prête, c'est ça que je leur lirai plutôt que les Cendrillon, Belle au bois dormant et autres.
Parce que Cendrillon, la Belle au bois dormant ou le petit chaperon rouge sont limite niaises. Et puis elles s'en prennent plein la tronche et elles restent gentilles genre j'ai rien vu. Ce sont les versions enfantines de "justine ou les malheurs de la vertu" du Marquis de Sade. C'est très agaçant. Elles vont de mauvaise personne en mauvaise personne. Et généralement, la morale de ces contes est archi-passive. Et puis ce n'est pas drôle du tout.
Alors que dans les bouquins que j'ai cités, non seulement tu rigoles mais en plus y a le sens de l'absurde. C'est hyper important, l'absurde. Et en général, leur morale me plaît.
Enfin bref, juste pour donner un aperçu, voici deux histoires très courtes (j'ai pris celles-ci car elles sont plutôt courtes - je vais pas passer mon aprèm' à taper et puis vous avez aut' chose à faire que lire sur un écran) tirées de celui qui m'a été offert hier. J'aime bien les cadeaux :)
Le meilleur et le pire
Aza'a Schlemil demanda un jour à sa femme de lui apporter un peu de fromage.
- Le fromage est bon pour l'estomac, il excite l'appétit et flatte le goût, ajouta Schlemil.
- Il n'y a plus de fromage, répondit-elle.
- Tant mieux! s'écria Schlemil. Le fromage est très mauvais pour la circulation sanguine. En plus, il déchausse les dents.
- Que faut-il croire? demanda Madame Schlemil. Ton premier avis ou le second?
- S'il y a du fromage, le premier; s'il n'y en a pas, le second, rétorqua Schlemil.
Mendele le Pauvre
Un jour, Mendele le Pauvre cherchait un moyen de gagner un peu d'argent. Comme il passait devant une maison en construction, une idée lui vint à l'esprit. Il ramassa deux morceaux de brique, les frotta l'un contre l'autre et obtint ainsi une poudre rouge. Il recueillit cette poudre dans des cornets en papier et s'en alla au marché de Khelm les vendre comme poudre insecticide.
Une cliente s'approcha bientôt de son éventaire et lui acheta un cornet.
- C'est efficace contre les puces?
- Efficace? répondit Mendele. Il n'y a rien de pareil sur le marché!
- Mais dites-moi, monsieur, comment s'en sert-on?
- Oh, c'est très simple! répliqua Mendele. Vous prenez la puce entre la pouce et l'index, vous lui ouvrez la bouche, vous lui faites avaler un peu de poudre, et elle meurt instantanément.
- Mais enfin, s'écria la femme, si je tiens la puce entre le pouce et l'index, je n'ai qu'à appuyer fort pour l'écraser!
- Oui, c'est vrai, admit Mendele, c'est aussi un moyen.