Enfin...!
je peux accéder à l'ordinateur pour vous parler. La situation est grave. Je ne la reconnais plus. Qui? me demandez-vous. Caelle, mon humaine, bien sûr. Trois jours qu'elle est rentrée et pas une fois, elle ne m'a empoigné par la peau du cou pour me jeter sans ménagements sur le sol. J'ai beau sauter sur le comptoir, tourner autour des casseroles, essayer de voler tout ce qui passe à ma portée, me mettre debout sur mes pattes arrière pour inspecter le contenu du placard, rien, nada, nichts. Elle ne veut plus jouer. Elle ne veut plus que j'arrive en courant et que je lui saute dessus, elle ne me porte plus dans les bras, ne me fait plus tournoyer en l'air, pas une fois, elle ne m'a couru après depuis qu'elle est rentrée. J'ai bien essayé de la pousser à bout pour qu'elle me colle dans la baignoire et me fasse subir le châtiment de l'eau. Rien. Je crois qu'elle ne m'aime plus. Je suis très inquiet. Je pousse des miaulements plaintifs, rauques, histoire qu'elle m'explique ce qui se passe. D'habitude, quand elle rentre avec une valise, elle n'est pas comme ça. Je suis inquiet. Elle ne joue plus avec moi. Elle ne m'envoie plus de ballon en pleine face. Je ne sais plus quoi faire. Alors je la regarde, je fais mon mignon. Mais même ça, ça ne va pas. Elle ne veut plus jouer à se battre. Je suis tellement désemparé que pour lui faire plaisir et qu'elle redevienne comme d'habitude, quand elle m'a intimé l'ordre de m'asseoir, je me suis assis. Je ne sais vraiment pas ce qui se passe. Y a quelque chose de bizarre. On me l'a changée. Elle ne me vire plus des fauteuils. C'est tout juste si elle ne m'ignore pas. Elle ne rit pas. Elle me donne des coups de torchon. C'est pas du jeu, le torchon. Ce n'est pas un torchon qui va m'empêcher de grimper sur le plan de travail. On ne joue plus à cache-cache. C'est devenu tout triste et je ne sais pas comment faire pour que ça redevienne comme avant.
Un instant, j'ai cru que ça allait mieux. C'est quand elle m'a menacée de m'arracher une patte si je continuais de rester dans ses pattes. Là, je me suis dit qu'il y avait une chance que je la retrouve. Une toute petite. Pourvu. Vivement.