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caelle
15 décembre 2010

Parfois, je ne sais plus, parfois, je ne sais pas

Ce que je fous là et à quoi ça sert tout ça. Je relis les lettres que m'a écrit quelqu'un qui était très cher à mes yeux et grâce à qui je m'appelle Caelle sur internet. Il m'a écrit des jolies choses mais il n'est plus là pour me dire s'il les pense toujours. Il m'a encouragée, asticotée, donné confiance en moi parfois et Dieu sait que j'en manque. S'il était encore là, je l'appellerais. Et je lui demanderais son avis sur tout, sur rien, il se foutrait gentiment de moi. Il me ferait rire de mes malheurs. En lui racontant, je repeindrais tout en bleu, en rouge, en vert émeraude et j'arriverais à croire que le plus chouette est devant moi. Que j'y arriverai. Il me manque affreusement. Comme vous manquent ces gens avec qui vous êtes sur la même longueur d'ondes. Ces gens qui parlent la même langue que vous. Qui blaguent de ce qui leur fait mal. Qui font des gribouillis. Qui s'amusent sérieusement. Qui font les clowns. Un coup tristes. Un coup gais. Ces gens pudiques qui font semblant d'aller bien et qui sourient avec les yeux. Et quand leurs yeux sourient, ils éclairent tout. Ca fait comme des paillettes. Pour une phrase, une intonation, leurs yeux s'allument. Et vous savez que vous vous entendez. Des gens touchants mais difficiles à comprendre pour les autres. Entre gens pareils, vous vous reconnaissez. Et les relations que vous établissez ne regardent que vous. Il me manque mais en même temps, il sera toujours là. Comme une présence invisible. C'est l'invisible que je lui reproche. Il m'avait dit que, dans la vie, si on rencontrait quinze personnes avec lesquelles on était sur la même longueur d'ondes, c'était le Pérou. C'est peu, quinze sur toute une vie. C'est vachement solitaire entre les moments où vous rencontrez ces quinze personnes. Le pire, c'est qu'il avait raison. On connaît plein de gens mais y en a très peu avec qui l'on parle la même langue. On peut s'intéresser à des choses différentes mais quand on les croise, on s'aperçoit qu'on est pareils. Par des choses minuscules. Des trucs de gamins tristes. Des rires trop grands dans des océans de tristesse. Des gens décalés sans que ça se voie forcément. Et c'est précieux. Et fragile.
Et la vie peut vous casser ça. Vous ne vous fâchez jamais avec ces gens-là. Vous ne pouvez pas. Quoi qu'il arrive, même si vous n'êtes pas d'accord, y a comme un lien. Et vous vous amusez trop avec eux. Et c'est le plus important.
Je n'en ai pas croisé beaucoup, des gens, avec qui y a ça. Mais il avait raison, monsieur Ereffe. C'est magique. Et c'est dommage que la vie se soit mise en travers. Parce que les aprèms passés à faire des canards au café en refaisant le monde, en échangeant des lettres et des dessins, les balades dans les rues, les parties de scrabble, les arlequins de Lutti et les caramels, ça me manque à un point. Mais à un point.
On s'est écrit des dizaines et des dizaines de lettres. Pour rire. Pour rien. Pour tout. Pour s'épater l'un l'autre. Pour pouffer de rire en les lisant. Dans l'une d'elles, il me disait: "Ecris, Caelle. Sans blague. Fais-le. Je crois en toi. Vraiment. Alors... Tu as l'étoffe d'une écriveuse. Tu le sais. On le sait. Alors: écris".
Mais écrire quoi? Et pour quoi?
Il m'avait aussi dit que j'étais inchangeable. Impossible à pygmalioniser. Je ne sais pas si c'est un compliment ou un reproche. Je crois que c'était un reproche.
Inchangeable? C'est mal de ne pas être une girouette? De ne pas être de la pâte à modeler qui passe d'un emballement à un autre pour mieux brûler tout ce qu'elle a aimé?
Comment puis-je être à la fois inchangeable et aussi paumée?
Ah si seulement je pouvais l'appeler et lui demander ce qu'il en pense! Foutue mort qui éteint les téléphones de ceux que vous voulez le plus appeler.

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