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caelle
8 janvier 2011

petit déjeuner et traînasserie

DSC03333Une des choses que je préfère faire, c'est justement ne rien faire en apparence. Ces matins qui s'étirent jusque dans l'après-midi. Ces petits-déjeuners où je sirote pendant trois siècles mon café. Puis mon deuxième café. Tendre les jambes et les mettre sur la table et bouquiner des magazines. Regarder par la fenêtre. Réfléchir à tout, à rien. Entendre distraitement le bruit de la rue et savoir que rien ne me force à bouger. Mettre une radio dont le son ne me dérange pas, qui comble le silence mais ne pas être obligée de l'écouter. Pas de pubs avec des jingles qui agressent. Pas de voix qui m'annoncent des mauvaises nouvelles. Je me fous éperdument de l'état du monde. A quoi bon être soi-disant au courant de tout, comme si tu devais lire des dépêches qui tombent de l'AFP. A-t-on vraiment besoin de s'informer incessamment? A heures fixes.
J'ai trouvé une radio qui ne me déplaît pas. Même à six heures trente du matin, elle ne m'agace pas. Toutes les radios françaises m'irritent. Celle-là me parle en anglais, d'un anglais distingué et cependant relax et m'annonce à sept heures du mat' qu'il est six o'clock et l'animateur raconte des anecdotes que j'entends d'une oreille distraite.
Distance. Pas une distance de désintérêt, une distance de protection. J'ai horreur, le matin, d'être dans le go, go, go. Voir les minutes qui tournent sur tous les cadrans et qui semblent me dire "t'es déjà en retard". Ca va être encore pire si tu n'accélères pas. Petite, je m'asseyais sur mon bureau et je lisais ce qui me tombait sous la main au lieu de me préparer. Comme les paliers des plongeurs. Les sas de décompression. Faut que je décompose le temps et que je me l'octroie. Que je l'étire et que je me l'attribue. Que je laisse mes yeux flâner et mon esprit vagabonder.
Manger vite, répondre au téléphone quand il sonne, partir à toute bombe, arriver sur les chapeaux de roues, attendre à la caisse, ne plus rien regarder autour de soi, avancer avec des oeillères, c'est sinistre. En tout cas, pour moi, ça l'est.
Faut me donner une bonne raison de faire quelque chose pour que je le fasse. Quand je me suis trop forcée, quand j'ai trop tout fait parce que c'était urgent, important, indispensable, blah, blah, blah, je redeviens la mule butée que je n'ai jamais cessé d'être. Je papillonne d'un truc à l'autre (les miens) et je fais des listes des choses auxquelles je ne peux pas couper en y rajoutant les choses qui me sont indispensables. Et je hiérarchise à ma manière.
Parce que, quand je hiérarchise trop longtemps à la manière de ceux qui me disent "fais ci, fais ça, tout de suite, pourquoi tu ne l'as pas encore fait, ah bon, à c't'heure-ci, tu dors?, pourquoi t'achètes autant de magazines, de films et que t'es aussi incompréhensible"? Eh ben, c'est moi qui ai envie de dire que  ce sont vos motivations que je n'arrive pas à comprendre. Vos petits arrangements avec vous-mêmes, vos faillites personnelles, les actes dont vous ne percevez pas les conséquences. Les "j'avais pas le choix", "c'est la règle du jeu, tant pis pour sa gueule" et j'en oublie. Les "on m'a fait la même chose, maintenant c'est mon tour", ceux qui, pour grimper tout en haut de l'échelle, sont prêts à sacrifier tout ce en quoi ils ont cru et qui, sans états d'âme, sont prêts à décapiter ceux qui se mettent en travers de leur chemin. Et puis l'échelle, c'est pas forcément l'échelle du pouvoir, des échelles y en a à tous les niveaux.
La vie, c'est précieux, c'est fragile. Y a plein d'objectifs qui sont dérisoires par rapport à la vie et ce qui est vraiment essentiel.
Après, à chacun de déterminer son essentiel et ce qui, intrinsèquement, compte pour lui.
Et traîner chez soi, savourer, s'étirer, réfléchir, utiliser ses cinq sens et faire de ce jour, le huit janvier 2011, qui sera le seul huit janvier 2011 que je vivrai puisque chaque jour est unique et ne revient plus, un bon jour, eh ben, pour moi, c'est important.
Après, le reste, à dire vrai, je m'en balance. Je dis pouce. Moi fatiguée de toujours me pousser. Moi envie de profiter et de déguster.
Je crois que c'est nécessaire de s'accorder des pauses, des récrés.

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Commentaires
L
Exactement!!! Je vois qu'on a des philosophies de vie similaires ;-)
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caelle
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