On the road
J'adore être sur la route. Même comme passagère, j'aimais ça. Voir le paysage défiler. Hurler à tue-tête les chansons qui passent sur l'auto-radio. Cet entre-les-deux suspendu. En train, ça ne me fait pas la même chose. En avion, c'est une sensation différente, c'est irréel de survoler le paysage, de passer au-dessus des mers et des océans, de se retrouver dans un ailleurs aussi loin aussi facilement. La route prend son temps. On peut foncer dans le noir, la musique à fond mais on peut aussi regarder les oiseaux voler dans le lointain, les champs à perte de vue, compter les ronds-points (si l'on roule en France). Sur la route, tout peut aussi dérailler d'un instant à l'autre. Je ne me sens jamais autant mortelle que quand je suis dans une voiture. Une erreur et tu peux partir dans le décor pour de bon. Etant d'un tempérament très optimiste (sic), je ne peux m'empêcher de voir l'accident, le coup de volant de trop, la roue qui se détache de la voiture et virevolte dans les airs, les tonneaux au ralenti, les tôles déformées et fumantes, le pinpon des sirènes trop tard, c'est fini. Je me dis "et si ça arrivait?". On n'est jamais à l'abri de quoi que ce soit. Et si c'était "game over" plus tôt que prévu? Longtemps, je me suis dit "si je meurs aujourd'hui, je n'aurais pas vécu". Maintenant, moins. En même temps, j'aimerais bien que ça continue. Parce qu'il y a des films à voir, des livres à lire, des musiques à écouter, des arbres à regarder fleurir, des rires à partager et le bruit du ressac à entendre.
Je pense tout ça et pourtant, je monte en voiture, et, qui plus est, j'ose prendre le risque de conduire. Paradoxal, non?