Les réseaux dits sociaux
Tout le monde s'agite ces temps-ci, le grand truc, c'est de décrocher d'internet et de retourner à la vie réelle (ben voyons, refaisons du feu avec deux bouts de bois pendant qu'on y est) et certains disent se sentir submergés par les réseaux sociaux. Hmmmm. Oui, en substance, hmmmm. Je m'explique. Forcément, si vous avez 642 amis sur Facebook, les notifications doivent se succéder à un rythme infernal et tout devient dérisoire. Vous ne pouvez que louper les éventuelles notifications qui pourraient vous intéresser et avoir l'impression que la vie est pleine de photos de bébés avec bavoir et que sais-je encore.
Pareil, le chat doit vous rendre dingue si à chaque fois que vous vous connectez cinquante personnes vous disent bonjour. Bravo, vous êtes populaire. Le monde entier se jette à votre cou total vous vous sentez harcelé et par conséquent envoyez péter les amis qui, eux, tiennent réellement à vous.
Oui, Facebook peut prendre tout votre temps si vous allez regarder les liens mis quotidiennement par vos 642 amis (sont-ce vraiment vos amis? connaissez-vous leurs 642 numéros de téléphone par cœur? Ont-ils besoin de pouvoir aller voir toutes vos photos et commenter tous vos statuts? Les voient-ils seulement? Personnellement, je ne pense pas) et votre vie en comparaison peut vous sembler particulièrement déprimante avec toutes ces vacances paradisiaques et ces activités multiples auxquelles s'adonnent vos 642 amis. De plus, Facebook analyse vos comportements et s'en sert pour vous suggérer des liens sponsorisés. Par exemple, aujourd'hui, j'avais ça.
J'en déduis que Facebook a du mal à me cerner: Il me suggère de rencontrer des hommes mais aussi des Congolaises (ou peut-être me prend-il pour une Congolaise en mal d'amour - je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi) tout en achetant Office pour PC ou pour Mac. Ah et apparemment, il a bien détecté ma grande attirance pour les tongs (il a dû analyser mes statuts - j'avais mis ça dernièrement: "Je voudrais vivre en tongs. Ça rend mes orteils heureux. Très important le bonheur des pieds") et me conseille d'apprendre l'hébreu (moderne ou biblique - quand je vous dis qu'il a du mal à me cerner!), sûrement pour pouvoir aller vivre là-bas en tongs, j'imagine, car ici, c'est plutôt l'option chaussettes et polaire ces jours-ci.
Bref, à défaut de résoudre mes problèmes existentiels, Facebook n'est cependant pas un fardeau dans ma vie et, pour ma part, je lui trouve des avantages. Etant très sélective (méfiante), je connais les gens qui répondent au nom d' "amis". Après, que ce soient vraiment des amis proches (définissez proche), ça dépend lesquels. Mes amis ont une étrange particularité: soit ils n'ont pas de compte Facebook soit quand ils en ont un, à un moment, ils signalent qu'ils le ferment.
Ah, c'est sûr, avec ça, je ne vais pas faire du chiffre. Mais ce n'est pas mon but. D'abord, j'utilise Facebook comme une interface pour rester en contact avec certaines personnes qui sont éloignées géographiquement de moi, parfois pour pouvoir chatter en direct avec eux - ils sont loin, pas sur le même fuseau horaire donc je ne vais pas prendre le téléphone au débotté pour faire coucou - je déduis parfois à tort que s'ils errent sur Facebook c'est qu'ils sont disponibles, d'autant que certains font comme moi, ils ne ferment jamais leur onglet dans leur navigateur ou l'application dans leur téléphone, ce qui donne l'impression qu'ils sont jour et nuit connectés alors que non.
Les gens que j'ai dans mes amis Facebook, c'est que je les aime bien, que je les trouve intéressants et que, par conséquent, s'ils mettent un lien, quelqu'il soit, je vais aller regarder. Généralement, ce sont des gens qui ne mettent pas des trucs idiots (ou alors des trucs idiots de qualité - on a le droit de rire aussi) donc s'ils ont pris la peine de le partager, c'est qu'ils estiment qu'il a une valeur. Et comme je suis curieuse, eh bien, ça m'intéresse de voir ce qu'ils ont pu glâner.
Donc, je trouve ça enrichissant. Pareil pour Twitter, Instagram et consorts. Si je suis, je suis vraiment. Je vais tout lire. Je vais regarder toutes les photos. Je suis le fil jusqu'au bout. Forcément, avec cette façon de procéder, je suis obligée de ne me concentrer que sur certaines choses et de zapper tout le reste.
En plus, je découvre des choses en temps réel que je n'aurais pas pu découvrir par un autre biais. Et ça, je trouve ça épatant (je suis du genre à aimer être épatée).
Donc, non, je ne me sens pas agressée par les réseaux sociaux, je ne me sens pas obligée de répondre à un message dans la seconde où il me parvient. Je fais un truc bizarre avant de répondre, je réfléchis. Voire quand j'ai répondu trop vite, je relis et je corrige. Pareil, avant de céder à une impulsion d'achat, je laisse passer un certain temps pour voir si l'envie persiste, si ça me tente durablement.
Pour internet, je viens d'une époque où quand tu voulais retourner sur un site, il fallait te souvenir du chemin d'accès et comme je ne notais rien, il fallait que je sois capable de retrouver le cheminement qui m'avait amenée là. Et franchement, pour se souvenir des noms et des symboles cabalistiques, il fallait être motivée.
En bref, je crois que je n'utilise pas les réseaux sociaux pour "schmoozing" (j'adore ce terme en anglais - le dico donne comme équivalent français "faire des mondanités"), de toute manière, je suis mauvaise en mondanités, ça me met mal à l'aise.
Pour moi, les réseaux sociaux, c'est le hasard dopé aux algorythmes et ça, ça me plaît vachement!