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caelle
23 mai 2005

films récemment vus ou revus

 

J'avais beaucoup apprécié "Lost in translation" de Sofia Coppola l'année dernière quand je l'avais vu. J'en étais ressortie enthousiasmée. Tellement enthousiasmée que j'ai réussi paradoxalement à provoquer l'ire d'une personne que je croyais être une amie en en parlant. En gros, j'ai été rhabillée pour dix ans.

Somme toute, tant mieux, car actuellement, je peux peu courir les magasins de vêtements car un, je n'aime pas m'y rendre (je ne m'y sens pas à mon aise), deux, je n'ai pas les moyens de me vêtir comme je le voudrais. Comme quoi, Oscar Wilde avait raison quand il disait : "A little sincerity is a dangerous thing, and a great deal of it is absolutely fatal."

Néanmoins, je persiste et signe, j'ai revu ce film et je l'aime pour plein de raisons en vrac et sans hiérarchisation. Je le trouve tour à tour jubilatoire, bien vu, émouvant, hilarant, touchant. Il fait montre d'un vrai sens de l'observation et des détails. C'est à la fois extrêmement fignolé et ça marie un aspect moment volé/instantané de réalité. Bref ça m'épate, ça me réjouit et ça m'émeut.
Donc merci Sofia et tous ceux qui ont travaillé sur ce film.
Je n'oublierai pas:

- le fax qui se déclenche à 4h20 du matin
- les coups de fil éplorés qui tournent court de Scarlett Johannson à sa famille au loin quand elle veut leur raconter ce qu'elle voit au Japon
- les crises de cafard soudaines
- le fait que celui qui joue son mari soit l'acteur qui joue le petit frère de Phoebe dans "friends", celui pour lequel elle a eu des triplés et qui ne s'en sort pas dans son rôle de père de famille nombreuse
- les bruits de Tokyo
- le fait de faire bonne figure malgré tout
- Scarlett Johannson qui est archi-mignonne dans ce film (bonne base forcément, elle est trognonne mais le directeur de la photo est fort aussi)
- les tentatives pour se créer un chez soi dans sa chambre d'hôtel et le moment où elle se cogne le pied en descendant du lit
- leurs constants zappings sur la télé d'émission aberrante en documentaire absurde
- les errances nocturnes dans l'hôtel
- l'épisode de la prostituée
- la séance de photos (bien sûr!!!  - "Am I drinking? As soon as I'm done!")
- l'air impassible, vaguement narquois de Bill Murray quand il dit "is that all he said?"- le bar de nuit où tout le monde tue le temps et s'ennuie en se donnant un genre
- la chanteuse qui a l'air d'être là à jamais
- la salle de sport ("help!!!")
- l'actrice blonde en tournée de promotion ("I'm under Evelyn Waugh" - "Evelyn Waugh was a man" - "Not everybody went to Yale")
- les lieux communs de sa séance d'interviews (elle s'est bien entendue avec sa co-vedette parce qu'ils aiment tous les deux la nourriture mexicaine, le karaté et qu'ils ont deux chiens!!!!), sa voix haut perchée, elle déborde de positivisme et de tant de bêtise souriante qu'elle en devient inattaquable.
- "Did you buy a Porsche yet?"
- la piscine et les jambes des gens sous l'eau
- les deux dames mortes de rire à  l'arrière-plan à l'hôpital quand Bill Murray parle avec le vieux monsieur
- l'immédiate honnêteté de deux étrangers qui se rencontrent au milieu de la nuit dans un contexte rassurant, qui se raccrochent l'un à l'autre comme à une bouée de sauvetage inespérée et qui peuvent enfin se détendre, se parler sans faux-semblants, rire de leurs peurs et ainsi profiter d'être loin de chez eux au lieu de le subir.

J'arrête là l'énumération car je vais encore perdre des amis ;)
Je trouve que c'est un concentré de vignettes sur ce qu'on peut ressentir lors qu'on est loin de chez soi, seul, sans repères. Les bons, les mauvais moments et les moments carrément hors du temps. Tout ce qu'on a du mal à communiquer à ceux qui sont restés et qu'on retrouve quand on rentre chez soi. Tous ces souvenirs, ces sentiments qu'on est obligés de mettre dans une "boîte" au fond de son coeur/ de son crâne car ils sont difficilement racontables/communiquables, une fois de retour. Sofia Coppola a réussi à en tisser un film cohérent et ce dernier est à mon sens un petit bijou.

Dans un autre genre, j'ai vu "Monique" de Valérie Guignabodet. Le film avec Albert Dupontel, Marianne Denicourt et la poupée éponyme. Je n'avais pas osé le voir en salles quand il était sorti. M'étais dit que, vu le thème, ça pouvait être scabreux. Eh ben, c'est vachement bien. Et rigolo. Avec plein de trouvailles visuelles. et de chouettes dialogues.

J'ai vu récemment "Mariages" de la même Valérie Guignabodet qui est son film d'après "Monique" et qui, lui, a plutôt eu pas mal de succès au printemps dernier. Dans les deux, elle explore la thématique du couple, l'usure, les silences qui s'installent pour faire place à l'indifférence et le moment où ça explose.

"Mariages" ne m'avait pas fondamentalement déplue mais m'avait agacée, désappointée. Les personnages tiraient à mon goût trop à vue les uns sur les autres. C'est facile de rejeter son amertume les uns sur les autres. C'est facile de casser les illusions des générations suivantes en leur jetant à la face vos propres échecs. Bref, "Mariages", même si tout le monde trouve que cela se termine bien, ne m'avait pas mise de bonne humeur. Je trouve les rapports entre les personnages mesquins. Ceux-ci le sont déjà assez souvent dans la vie. A quoi bon se déplacer pour les voir au cinéma?

Je trouve l'éclairage apporté par "Monique" bien plus intéressant et beaucoup plus drôle. Plus incisif. Et moins bassement méchant. "Monique" est plus ironique. Et comme dit le personnage de Marianne Denicourt quand elle se la joue Lara Croft à l'attaque de la poupée "moulée", qu'elle débarque avec une carabine et qu'elle dégomme tout dans le salon: "C'est facile de ne pas dire de conneries quand on ne parle pas".




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Commentaires
C
"Lost in translation" ou l'univers de Sofia Coppola dans le lequel je ne réussis jamais à entrer d'emblée, mais qui hante mon esprit longtemps après la vision. Difficile d'oublier, et du fait, qui donne l'envie de l'observer plusieurs fois. Et un film qui invite à ce qu'on le revois, j'adore ça.
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